On fait comme si de rien n'était ?
Le lundi 5 février 2024, dans les alentours de sept heures du matin
Je ne veux pas être là… Enfin, c’est toujours mieux que d’être dans cet endroit duquel on m’a sorti ou de me retrouver entre les mains de l’homme qui m’en a sorti. Je pense que ça aurait été des tortures bien plus horrifiantes que celle que je subis actuellement. Au fond, c’est comme si on me donnait la chance de vivre quelque chose de “commun”, à laquelle tout le monde a le droit. Ici, je ne suis plus un esclave aux yeux des gens, juste moi qui vient apprendre quelque chose, de ce que j’ai pu comprendre. Bon, j’étais bien emmerdé quand on a voulu vérifier des informations que je n’avais pas moi-même, mais c’est du passé maintenant. Je suis un étudiant de la maison Glas qui étudie l’abjuration et qui apprend à parler l’Altaïque. Le seul hic à tout ça, c’est que je ressens de plus en plus la laisse qui m’a été mise lors de mon achat par les Andragathia. Cela fait déjà plusieurs mois et je n’ai toujours pas croisé cette personne. Je n’ai pas vraiment cherché non plus, à vrai dire et c’est sans doute pour cette raison que ça commence doucement à tirer. D’un autre côté, il m’a fallu tellement de temps pour m’habituer ne serait-ce qu’un peu à cette routine…
Profitant d’avoir du temps ce matin à cause de mes cauchemars -ou grâce à eux puisqu’ils m’aident dans une certaine mesure-, j’ai le temps de me promener dans les couloirs avant que je ne doive aller en cours. Ah non. C’est vrai qu’avant ça je pourrais peut-être aller manger un peu à la Grande Salle. C’est tellement étrange d’avoir droit de manger autant matin, midi et soir. N’est-ce pas un frein à un certain régime pour rester en forme en toutes circonstances ? La toute première fois, j’ai vraiment cru que j’allais me faire frapper ou simplement crier dessus si jamais je touchais de moi-même un aliment ou un autre. J’ai donc passé mon temps à vérifier que personne ne disait vraiment rien à toutes ces personnes qui s’empiffraient avant de me servir quelque chose. C’était tellement stressant que j’ai à peine mangé lors de ce premier dîner. Maintenant, ça va mieux même si j’espère toujours qu’on ne me reprochera rien si jamais je perds tout de mes anciens régimes. Quoique, quand j’y pense, je me rends compte que mon maître actuel ne semble en avoir rien à faire que je prenne ou que perde du poids. Il semblait plus préoccupé par cette personne que je cherche en silence.
Les couloirs sont vides. Tout le monde doit être en train de se préparer pour aller manger et, ensuite, aller à leur premier cours de la journée. Je ne pense pas avoir vu quelqu’un d’autre aller se promener dans les couloirs aussi tôt dans la journée. A moins que je ne m’en sois tout simplement jamais rendu compte, ce qui est possible aussi. En général, je préfère éviter de me mêler aux autres. Je n’ai rien à leur dire et je ne peux pas faire d’appel à l’aide. Ah… Je ne veux vraiment pas aller faire semblant. Ce n’est pas mon truc. En plus, s’il est parti de chez lui, c’est sans doute parce qu’il ne voudrait pas y retourner. Si j’en avais eu la possibilité, j’aurais profité des compétences qu’on m’avait données pour aller chercher la liberté ailleurs et vivre une vie tranquille. De préférence avant que je ne sois amené au démon qui me possède aujourd’hui. Tout aurait été tellement différent. Enfin… À quoi ça sert de chercher à changer le passé alors qu’il restera le même quoi qu’il arrive ?
Bon… Et maintenant ?
Je vais arriver à une intersection. Je me demande si cette personne est un élève ou un adulte travaillant dans l’école. Tout ce que je sais de lui, c’est qu’il a trouvé refuge dans cette école, qu’il a les cheveux blanc, le regard violet, une sorte de tatouage sur le cou et qu’il n’a pas l’air commode si j’en crois les images que j’ai vues de lui. Enfin… Il ne devrait pas être très difficile à trouver. Je crois ? Il y a déjà tout un pan de l’école dont je suis incapable de m’approcher. Alors s’il est là-bas, je risque d’avoir quelques soucis…
Alors que j’avance sans plus me préoccuper de ma destination ou du chemin à prendre, j’entre dans l’intersection. Au moment où je sens quelque chose me toucher, j’utilise ma base élémentaire comme une protection. Une mesure de défense que j’ai acquise pendant que j’étais au Colisée. Ce n’est malheureusement pas assez pour m’empêcher de tomber au sol. Je me relève difficilement en m’aidant de mes mains, jusqu’à être assis au sol. Là, je vois des feuilles voler et entends la voix de quelqu’un… d’inquiet ? Je lève les yeux sur cette personne qui est très certainement celui qui m’a bousculé et… ah… Je n’aurais plus à le chercher partout. Il semblerait que je vienne de le trouver. Sérieusement, il n’aurait pas pu rester caché ? Cela aurait été mieux pour nous deux. … Non. La véritable question serait plutôt : Pourquoi suis-je parti à sa recherche si je ne voulais pas le rencontrer et prendre le risque de vivre d’immondes souffrances ? Je sens que je ne vais pas passer que de bons moments dans cette partie de ma vie. Je prédis même que je vais finir par me faire détester…